TEXTES : 1 R 19, 16b. 19-21 / Ps 15(16), 1-2a. 5. 7-10. 2b. 11 / Ga 5, 1. 13-18 / Lc 9, 51-62
PREDICATEUR: P. Bruno WENSAN’NA, SVD
THEME: Suis-moi
En ce treizième dimanche du temps ordinaire de l’année C, l’Eglise nous invite à méditer le thème de l’appel. Dans la première lecture tirée du livre des Rois, l’auteur sacré nous livre le récit de l’appel du prophète Elysée. L’Evangile décrit également des histoires d’appel à la suite du Christ. Ces lectures mettent en relief la spontanéité qui devait caractériser la réponse à l’appel du Seigneur, la liberté devant l’appel et la radicalité de l’appel.
Imaginez-vous présent à l’époque de Jésus et faisant partie de son audience. C’est le défi que nous lance le rabbin Jacob Neusner dans son livre intitulé « Un rabbin parle avec Jésus ». Il s’imagine présent dans la foule que Jésus adressait, il écoute avec attention et une fois à la maison il médite les paroles de ce maitre qu’il admire tant, mais en toute sincérité il ne peut pas le suivre puisque ces paroles sont radicales. En effet, dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus dit à un homme « suis-moi », mais ce dernier répondit « Seigneur permets-moi aller d’abord enterrer mon père ». Et à Jésus de lui répondre « laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars et annonce l’Evangile ». La demande de Jésus est très radicale et va jusqu’à suggérer la transgression du 4ème commandement de la Torah qui stipule d’honorer son père et sa mère. Nombreux sont les contemporains de Jésus et nos contemporains qui partageraient le sentiment de Jacob Neusner sur la radicalité de l’appel et qui penseraient que Jésus suggère la transgression du 4ème commandement ou la rupture du lien familial. Il serait injuste de penser que Jésus suggère cela puisque dans d’autres versets du Nouveau Testament Jésus souligne le caractère divin du mariage et son indissolubilité et le devoir d’aider son père et sa mère. Rappelons-nous la parole de Jésus, « qui est mon père ? Qui est ma mère ?… Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère » (Mt 12, 48. 50). Jésus n’abolit pas la famille naturelle, mais il révèle une nouvelle famille dans laquelle Dieu est le Père ; et hommes et femmes sont tous frères dans la foi commune qui les unit à lui, nous dit Benoit XVI dans son livre Jésus de Nazareth, Tome 2. L’appel de Jésus nous invite tous à transcender les liens de sang pour former une nouvelle communauté où tout le monde se sentirait frère et sœur, « fratelli tutti » (tous frères).
Allant plus dans les récits des appels de ce jour, que ce soit dans la première lecture ou l’évangile, nous notons la liberté de réponse. Dieu ne force personne, il nous appelle et chacun doit répondre avec liberté. Saint Augustin dira que « Dieu nous a créé sans nous, mais il ne peut pas nous sauver sans nous ». Aujourd’hui encore Dieu continue par appeler des hommes et femmes à sa mission ; tous nous devrons répondre librement, nous devrons répondre avec spontanéité, fidélité et courage. Dans l’Evangile, tous ceux que Jésus a appelés, ont trouvé des raisons pour retarder ou ne pas répondre à son appel. Le premier, lui, voulait aller enterrer son père et le deuxième voulait aller faire ses adieux. Nombreux sont ceux et celles qui aujourd’hui encore trouvent des raisons pour ne pas répondre à l’appel du Seigneur. Pour certains ce sont des raisons professionnelles : je n’ai pas le temps, pour d’autres encore c’est le motif d’âge : je suis encore jeune, je répondrai plus tard. Pour d’autres c’est tout simplement un manque de volonté.
Et toi, quelle est ta raison pour ne pas répondre à l’appel du Seigneur ?
Jésus nous invite tous à répondre à son appel malgré nos limites et fragilités. Transcendons les limites des barrières que nous nous sommes imposés pour ne pas répondre afin de parvenir finalement à dire « oui » au Seigneur.