TEXTES : Ac 4, 32-35 / Ps 117(118), 2-4.16-18. 22-24 / 1 Jn 5, 1-6 / Jn 20, 19-31
PREDICATEUR : P. Bruno WENSAN’NA, SVD
THEME : Quelle est mon expérience du Christ ressuscité ?
« Imaginez-vous transporté deux mille ans en arrière en Galilée au moment de la vie de Jésus » C’est le défi que Jacob Neunser nous lance, chrétiens, en nous encourageant à revenir en arrière et à redécouvrir les profondeurs des paroles de Jésus.
J’ai relevé le défi de me frayer un chemin à travers le temps de Jésus et en particulier l’Église primitive afin de mieux comprendre les trois lectures d’aujourd’hui. Je me suis davantage concentré sur l’Évangile. En le lisant, nous nous rendons compte qu’il n’est enregistré que dans l’Évangile de Jean, aucun autre évangile ne parle du doute de Thomas pour cette raison nous devons retourner à la communauté johannique pour mieux comprendre. Cette écriture émanait à mon avis de la communauté johannique qui cherchait à donner forme à la résurrection de Jésus en fonction de leurs motivations.
Dans l’histoire du Thomas qui doute, nous avons les motivations johanniques en jeu. Les apôtres ont été profondément troublés après la mort du Christ, leur monde a été ébranlé jusqu’à ses racines. C’est la raison pour laquelle ils s’étaient réfugiés, de peur de ne pas subir le même sort que leur maître. Là, Jésus apparaît en l’absence de Thomas et quand il est revenu, les autres lui ont rapporté l’événement. Et il a refusé de croire.
Ici, l’expérience personnelle, est l’élément qui est au centre des écrits johanniques, comme cela est si bien dit : « Ce qui était dès le début, que nous avons entendu, que nous avons vu de nos yeux, que nous avons regardé et nos mains ont touché- nous le proclamons concernant la Parole de vie, » (1Jn1, 1). Puisque Jean insiste sur l’expérience personnelle, qu’en sera-t-il donc pour ces générations qui ne verront pas Jésus physiquement. Le doute de Thomas leur ouvre la voie, « heureux ceux qui n’ont pas vu et qui croient ».
Pour Jean, la résurrection n’est pas une chose abstraite mais c’est plutôt une expérience profonde qui mène à la foi et à la confession en la divinité de Jésus. Ici, la christologie de Jean atteint son paroxysme, « Mon Seigneur et mon Dieu ». Au vu de tout ceci chacun devrait se poser cette question : quelle est mon expérience de la résurrection ? De nombreuses personnes au cours de l’histoire ont comme Thomas fait l’expérience personnelle de Jésus vivant et leur vie n’a jamais été la même, nous pouvons citer Edith Stein. Aujourd’hui alors que nous célébrons le dimanche de la miséricorde, nous connaissons aussi l’histoire de Faustina Kowalska.
Reconnaissons-le, le doute de Thomas n’est pas simplement une histoire de manque de foi mais une histoire de guérison. On peut imaginer la douleur, la déception, le chagrin, et la honte que l’apôtre avait éprouvés à cause de la mort de Jésus. Celui qu’il considérait comme le Messie, meurt sur la croix ! Nous pouvons imaginer l’état dans lequel Thomas était et comment peut-être il a résolu de ne pas se fier à quoi que ce soit concernant Jésus. Au milieu de tout cela, le Seigneur apparaît pour qu’il guérisse et regagne la foi.
L’histoire parle au cœur de notre situation actuelle de Covid 19. Les gens qui ont mis leur foi en Dieu sont blessés quand ils voient leurs proches périr. Comme Thomas nous sommes souvent tourmentés par les événements de la vie, comme lui encore nous sommes souvent déboussolés. Comme Thomas, nous devons mettre nos mains dans ses blessures pour guérir.
Prions.
Seigneur, parfois, la vie devient si difficile que nous semblons perdre espoir en tout même en Toi. Seigneur, parfois, les situations de la vie font tellement mal que nous semblons ne pas croire en Ta paroles ou en Ta présence. Miséricordieux comme Tu es, Tu te révèles toujours lorsque nous sommes au bord de l’abandon, comme cela a été le cas pour les disciples dans le bateau qui coulait et comme ce fut le cas pour Thomas dans l’Evangile d’aujourd’hui. Seigneur, aujourd’hui la Covid 19 a fait beaucoup de Thomas, s’il te plaît Seigneur révèle à nouveau ta gloire, renouvelle notre foi, donne-nous la force de dire: «Mon Seigneur et mon Dieu». Amen