TEXTES: Is 40, 1-5. 9-11 / Ps 84 (85), 9ab. 10-14 / 2 P 3, 8-14 / Mc 1, 1-8
PRÉDICATEUR: P. Roméo YEMSO, SVD
THÈME: Préparons le Chemin du Seigneur, aplanissons ses sentiers au-delà de nos déserts.
Bien aimés dans le Christ Jésus, en ce Deuxième Dimanche de l’Avent de l’Année B, les textes liturgiques portent en leur saveur quelques images telles que le chemin, le désert, de l’eau et du feu, la figure de Jean Baptiste pour nous aider à nous préparer pour les fêtes de Nativité, l’Enfant-Jésus dans nos vies. De sa demeure dans nos âmes, dans nos crèches, Sa présence en nous, permettra que les esprits égarés puissent découvrir l’intelligence des Écritures, les récalcitrants d’accepter que L’Église, le Corps Mystique les instruisent selon le cœur de Dieu Miséricordieux.
Bien aimés dans le Christ Jésus, la première lecture tirée du prophète Isaïe ( Is 40, 1-5.9-11) annonce la délivrance du peuple d’Israël depuis plus de cinquante ans d’exil: «Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur. Parlez au cœur de Jérusalem et croyez-moi que son service est accompli, que sa faute est expiée, qu’elle a reçu de la main de Dieu une double punition pour tous ses péchés » (Is 40, 1-2). Ainsi Dieu a pris l’engagement de ramener son peuple, sa propriété privée dans son pays sous forme d’un nouvel exode. C’est le temps de l’Avent où Dieu passe par des routes à travers le désert refleuri pour effacer nos dettes, nos péchés: C’est une bonne nouvelle. Voici votre Dieu, voici notre Dieu qui vient avec puissance, Son bras assure son autorité (Is 40, 10). Une voix crie : « Dans le désert, frayez le chemin du Seigneur ».
Bien aimés dans le Christ Jésus, dans l’évangile (Mc 1, 1-8) de ce deuxième dimanche, Marc (le grand Catéchiste) annonce comme Bonne Nouvelle la prédication de Jean Baptiste, et du prophète Isaïe à un peuple, peut-être celui issu de la résurrection du Christ, cette nouvelle Jérusalem qui attend avec impatience la réalisation et le retour proche de Son Espérance, de Sa Béatitude. Même si, il est à noter que parmi les quatre évangélistes, Marc est le seul à nous présenter au tout début de son évangile, la figure et le message de Jean Baptiste, il est intéressant de souligner ici que le peuple de Dieu se forme dans le désert, dans les épreuves, où la voix met à nu les consciences de ce peuple et annonce que la venue Dieu exige pénitence et conversion des coeurs.
En effet, vu la réalité de notre monde et les événements de crises et de pandémies qui l’échelonnent, surtout en cette année 2020, nous nous sommes réveillés sous un choc viral sans nom. Beaucoup de gens vivent dans la peur et l’indifférence, nombre sont ceux qui ne croient plus en Dieu malgré la multiplication des églises, des couvents de fétiches, de mosquées. Ce n’est pas qu’ils le rejettent. Ils ne savent pas par où aller pour le rencontrer. Et pourtant Dieu n’est pas loin. Caché dans la vie elle-même, Dieu suit nos pas, souvent faux ou désespérés, avec un amour respectueux et discret dans un silence présent et parlant. Comment percevoir Sa Présence si nous ne prenons pas conscience qu’il est plus intime que nous le sommes. Comment percevoir Sa Présence si nous sommes toujours absents dans nos prières et célébrations ? Comment percevoir Sa Présence si nous habitons dans ce fameux monde virtuel et fascinant?
Le grand catéchiste nous rappelle le cri du prophète au milieu du désert : « Préparez le chemin pour le Seigneur, ouvrez ses chemins ». Où et comment ouvrir des chemins vers Dieu dans nos vies ? Nous ne devons pas penser aux routes splendides et claires par lesquelles un Dieu spectaculaire arrive. Le théologien J. M. Rovira nous a rappelé que : « Dieu s’approche de nous à la recherche de l’écart que l’homme garde ouvert sur ce qui est vrai, ce qui est bien, ce qui est beau, ce qui est humain. Ce sont ces fissures dans la vie auxquelles nous devons nous occuper pour ouvrir des chemins vers Dieu ».
De plus, pour certains, la vie est devenue une routine, rien de nouveau sous le Soleil. Tout se sait, tout se connaît. Plus d’efforts de chercher Dieu dans nos vies ou de nous laisser envahir par Sa Présence. Mais l’homme se concentre de le chercher en dehors de Son Jardin, de l’humain qui manifeste la face de Dieu. Il refuse d’être le jardinier pour arroser les fleurs du Jardin, de mettre le compost, de tailler les fleurs pour instaurer une certaine harmonie, et un équilibre dans ce Jardin. Il se noie dans la peur, le désespoir et l’appétit du gain facile.
D’autres découragés de la vie actuelle ont perdu de vue la vie véritable. Dans ce cas, ils sont «ni froid, ni chaud», et ils chantent que Dieu ne s’intéresse pas à la vie de l’homme. Alors, la seule chose importante est de se divertir, de profiter de cette vie, de cette comédie. Ils ne peuvent apercevoir Dieu que s’ils commencent à s’intéresser au mystère, à ce petit murmure qui bat au fond de la vie.
D’autres vivent immergés dans « l’écume des apparences ». Ils ne se soucient que de leur image, de ce qui est apparent et extérieur. Nous nous trouverons plus proches de Dieu si nous recherchons simplement la vie simple et humaine.
D’autres encore vivent fragmentés en mille morceaux par le bruit, la rhétorique, les ambitions ou la vie virtuelle qui deviennent des fleuves qui les égarent du chemin vers Dieu s’ils ne s’efforcent pas de trouver un fil conducteur qui humanise et stabilise leur vie. Rappelons ici que le silence ne donne pas Dieu mais Dieu se donne dans le Silence.
Dans ce temps de l’Avent par la figure de Jean Baptiste, de par son humilité, retrouvons-nous avec Dieu en dépassant notre égo, de moi; en cherchant une attitude d’accueil, d’hospitalité et d’écoute de la parole de Dieu dans notre vie. D’un coeur brûlé d’attention, et d’une voix mariée à nos paroles et actes méditons la parole de Jean Baptiste : « Voici que bien derrière moi Celui qui est plus puissant que moi; je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour délier la courroie de ses chaussures. » (Mc 1, 7)
Que devant la Lumière du Verbe et l’Esprit de Grâce se dissipent les ténèbres du péché et la Nuit de l’incroyance. Et que l’Amour de Jésus habite dans nos cœurs. Amen!