TEXTES: Gn 22, 1-2. 9-13. 15-18 / Ps 115 (116b), 10.15-19/ Rm 8, 31b-34 / Mc 9, 2-10
PREDICATEUR : P. Martin KOTCHOFFA, SVD
THEME : Allons à la montagne du Seigneur
Bien-aimé(e)s dans le Seigneur, aujourd’hui est le deuxième dimanche du temps de carême de l’année B. Dans les textes liturgiques que l’Eglise, notre sainte mère, nous propose nous sommes confrontés à deux attitudes importantes : le don qu’Abraham a voulu faire de son Fils à Dieu et aussi le don que Dieu lui-même fait de son propre Fils au monde. C’est donc une invitation au sacrifice, au don de soi pour la cause de Dieu.
La montagne, dans l’ancien temps était le lieu idéal pour rencontrer les dieux. Et plus la montagne est haute plus on proche des dieux. Cette conception de l’importance de la montagne dans le culte divin n’était pas étrangère à la tradition biblique car même Moïse a reçu les lois du Seigneur sur une montagne. En allant sur la montagne donc, on y va pour dialoguer avec Dieu et pour lui manifester notre attachement. Et c’est dans cette solitude sur la montagne qu’on parvient à se découvrir soi-même et à rencontrer Dieu à qui on veut s’abandonner.
Ainsi Abraham qui fait preuve d’obéissance au Seigneur va à sa rencontre sur la montagne pour lui offrir, selon sa volonté, son unique fils. Puisque c’est Dieu lui-même qui lui a permis d’avoir ce fils, il sait mieux pourquoi il lui fait cette demande. Jésus aussi qui avait déjà accepté de venir dans ce monde révéler aux hommes le visage aimant et paternel de Dieu, ne veut rien faire sans consulter son Père – qui avait déjà dit au baptême de Jésus, « Tu es mon flis bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour » (Mc 1, 11). Jésus se rend aussi à la montagne pour rencontrer son Père et lui demander la suite de sa mission. Son don au Père est total et sa volonté se fond finalement dans celle du Père dont l’amour pour le monde est si profond.
Sur la montagne Jésus vit une expérience exceptionnelle dans son abandon total à la volonté du Père. Son désir manifeste de poursuivre la sainte volonté de son Père réjouit le cœur de celui-ci qui peut s’exclamer haut et fort : « Celui-ci est mon fils bien-aimé : écoutez-le » (Mc 9, 7). Dieu nous invite donc à écouter le Christ et, bien plus, à faire comme Lui : c’est-à-dire à rechercher et accomplir sa volonté divine. Cette transfiguration nous démontre que celui qui s’abandonne totalement au Seigneur, Dieu le remplit de sa présence. Ainsi une récompense beaucoup plus grande attend une telle personne. Toutefois il n’y a pas de gloire sans la croix. C’est ce que nous pouvons lire de ce que Jésus dit à ses disciples quand il « leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » (Mc 9, 9). Donc à la montagne puisque le Christ s’est finalement décidé de porter la croix pour le salut de l’humanité, Dieu révèle la splendeur de la finalité de l’épreuve qu’il va traverser. Les disciples témoins oculaires de cet évènement veulent le vivre maintenant. Mais le Christ leur rappelle qu’il faut la croix d’abord avant la gloire.
Une telle réalité ressemble à ce qu’Abraham a vécu. Il a été mis à l’épreuve et devrait porter sa croix jusqu’au bout. Le sacrifice de son unique fils était sa croix, son épreuve. Abraham n’a certainement pas compris pourquoi Dieu lui demande un tel sacrifice pourtant il sait que cet enfant est l’objet de son bonheur avec sa femme Sara. Au moment de faire preuve de toute son obéissance à la volonté divine et son désir manifeste d’accomplir tout ce que Dieu lui ordonnera de faire, il est interrompu par l’ange du Seigneur. Et Dieu dit « Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique » (Gn 22, 12) Cette totale obéissance d’Abraham ému le cœur de Dieu qui découvre finalement qu’Abraham est digne de confiance. Il comprend qu’Abraham ne l’a pas suivi à cause des biens de ce monde. Il découvre qu’Abraham est prêt à renoncer à tout, sans exception, même le fils qu’il a tant cherché et désiré pendant des années. A la montagne donc, Abraham réaffirme sa foi en Dieu et Dieu à son tour le comble de ce qu’il n’a jamais demandé. Il dit : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pad refusé ton Fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. » (Gn 22, 16-18). Abraham était loin de se douter que Dieu avait un projet bien plus grand pour lui. Et un tel projet ne saurait s’accomplir si Abraham ne prouvait pas son attachement et sa loyauté au Seigneur.
La montagne se révèle finalement être non seulement un lieu de rencontre et de discernement avec le Seigneur mais aussi et surtout un lieu de bénédiction. Donc, on a tous besoin d’aller à la montagne du Seigneur. Hélas, c’est un chemin qu’on refuse de suivre. On ne veut pas faire ce pas de foi dans le Seigneur. On préfère se contenter des miettes.
Bien-aimé(e)s, bien souvent nous passons à côté de tellement de bénédictions à cause de notre impatience, de notre désir d’éviter au maximum les souffrances, de notre recherche de la vie facile, etc. Aujourd’hui on n’est plus prêt pour la croix, on veut la gloire immédiatement, ici et maintenant. De telles attitudes nous poussent à la recherche des lieux où se prêche les évangiles de prospérité, de guérison sans effort personnel, de promotion sans endurance, etc.
Bien-aimé(e) dans le Seigneur si tu veux que Dieu t’élève alors écoute sa voix et sois endurant dans l’obéissance de ses préceptes. Car ainsi quand son heure sonnera pour toi puisque tu lui auras prouvé ton indéfectible attachement alors rien ne saura ternir sa gloire dans ta vie. Prends donc courage et monte à la montagne du Seigneur pour le rencontrer et discerner sa volonté dans ta vie. Sois persévérant et fais le pas de la foi en t’abandonnant totalement à lui. Puis suis ses directives et tu seras surpris de la gloire qu’il te réserve.
Bien-aimé(e), si aujourd’hui tu entends la voix du Seigneur t’invitant à t’abandonner entre ses mains n’endurcis pas ton cœur. Amen