TEXTES : Is 49, 1-6 / Ps 138(139), 1-3. 13-15 / Ac 13, 22-26 / Lc 1, 57-66. 80
PREDICATEUR: P. Marcellin YAWO, SVD
THEME: Que la grâce de Dieu te localise !
Saint Jean Baptiste est le seul Saint – avec Jésus et la Vierge Marie – dont nous célébrons la naissance. Cette naissance de Jean Baptiste racontée dans l’Evangile selon Saint Luc comporte de nombreux signes. Un ange annonce sa naissance prochaine à Zacharie, son père. Ce dernier doute car sa femme, Elisabeth, et lui-même sont avancés en âge, et cette dernière est stérile. Il a fallu la grâce de Dieu pour que celle qu’on appelait la stérile puisse enfanter un fils du nom de Jean ce qui signifie « Dieu fait grâce ». Saint Bède le vénérable explique mieux ce nom et son avènement en ces termes : « Tel est le sens de ce nom (Jean) : ‘grâce de Dieu’, c’est-à-dire celui en qui est la grâce. Car ce nom annonce l’économie de l’Evangile. Jean désigne le Seigneur lui-même qui vient, lui par qui la grâce est accordée au monde ». Le nom de Jean annonce une ère nouvelle pour Israël, et un changement d’état pour Elisabeth. Il a suffi d’une simple localisation de la grâce de Dieu pour que change le cours de l’histoire tant pour Elisabeth que pour l’humanité.
L’Evangile que nous propose l’Eglise en cette solennité nous présente les circonstances de la naissance de Jean Baptiste. Plusieurs signes ont accompagné cette naissance. Depuis le jour qu’il a reçu son nom jusqu’au jour où il se fit connaitre à Israël. En effet, le huitième jour après sa naissance, ses parents amenèrent l’enfant pour la circoncision, « Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère pris la parole et déclara : ‘non, il s’appellera Jean.’ on lui dit : ‘personne dans ta famille ne porte pas ce nom-là !’ on demandait par signe à son père, il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit Jean est son nom » (Luc 1, 59 – 63). Notons que le choix d’un nom dans la culture juive exprime souvent une mission, un itinéraire de vie particulier pour celui qui porte ce nom. C’est l’exemple du nom de Jésus qui signifie « Dieu sauve » ; sa vie a ainsi servi au salut de tous.
Dans la deuxième lecture de ce jour tirée du livre des Actes des apôtres, Saint Paul, parlant de Jésus, nous résume l’essentiel de la mission de Jean Baptiste en ces termes : « … Jésus, dont Jean le Baptiste a préparé l’avènement en proclamant avant lui un baptême de conversion pour le peuple d’Israël… » (Ac 13, 24). La venue de ce Jésus par qui la grâce est entrée dans le monde a été préparée par celui qui porte le nom de « grâce de Dieu » (Jean, le Baptiste). La naissance de Jean Baptiste doit être une grâce aux yeux du peuple d’Israël puisque par lui ce peuple a de nouveau connu l’avènement d’un prophète après le prophète Malachie, et après environs cinq siècles de « silence du ciel ». La naissance de Jean le Baptiste se trouve être une manifestation inattendue de Dieu à son peuple. Dieu s’est souvenu du peuple d’Israël et d’Elisabeth dont le nom signifie étymologiquement « Dieu se souvient ». Le temps messianique est donc enclenché par la naissance de Jean le Baptiste. Il est ainsi clair que Dieu fait grâce dans des situations de désespoir et apporte son salut à l’homme. C’est pourquoi nous devons nous disposer souvent à l’œuvre de la grâce.
Concrètement la grâce de Dieu est la faveur que Dieu nous fait, une faveur non méritée et qui est donnée à tous comme nous le lisons dans l’Epitre à Tite : « car elle est manifestée, la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes » (Tite 2, 11). Personne n’est digne, mais la grâce de Dieu nous localise, peu importé le lieu où nous nous trouvons ou encore la situation dans laquelle nous semblons être coincés.
Dans la première lecture de ce jour le choix et l’appel d’Israël parmi les autres nations nous montre une fois de plus que la grâce de Dieu œuvre partout : « j’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé… » (Is 49, 1). Si la grâce de Dieu a pu localiser Elisabeth dans son désespoir, et le peuple d’Israël dans sa perdition, c’est qu’il peut nous localiser aussi, même dans le sein maternel. C’est lorsque nous croyons en la grâce de Dieu qu’il nous assiste dans le processus de notre salut. Tachons-nous donc de collaborer avec cette grâce pour hâter notre propre salut et celle de l’humanité.