TEXTES: Ap 7, 2-4.9-14; Ps 23 (24), 1-2, 3-5ab. 5-6; 1Jn 3, 1-3 et Mt 5, 1-12a
PREDICATEUR : P. Roméo YEMSO, SVD
THEME: La Toussaint, Journée porte ouverte de la Sainteté pour nous les hommes, les femmes
«Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait …» (Mt 5,1-2)
Bien aimés dans le Christ Jésus, c’est aujourd’hui la fête de la Toussaint au cours de laquelle l’Église famille de Dieu célèbre le mystère de la communion de tous les hommes, de toutes les femmes qui ont lavé leurs robes dans le Sang de l’Agneau (Ap 7, 14), qui ont marché ou qui marchent dans la compagnie de Jésus, le libérateur de l’humain. Et justement, les textes liturgiques rythment en cadences, en murailles et en poésies, les heureux connus et inconnus du jour.
Ainsi, les paroles des Béatitudes (Makarios) de Matthieu (Mt 5, 3-12) dans le Sermon sur la Montagne, la vision apocalyptique de Jean (Ap 7, 2-4. 9-14) nous font découvrir les listes, le chemin de ceux et celles qui se sont approchés du Christ et qui ont accueilli cette promesse, ce bonheur contenu dans Sa Parole. Le bonheur dont nous relatent les textes liturgiques, pourrait nous paraître utopique, incertain, irréaliste dans les contextes de nos jours surtout avec l’événement de COVID-19 et sa pandémie sans oublier les conséquences négatives dans la vie la société mondialisée, globalisée, informatisée et technologique.
Cependant, Dieu reste Dieu, Sa Parole et Sa Promesse resteront toujours fidèles à nous les hommes dans notre fragilité, sentiment, besoin et demande. Pour nous les hommes, les béatitudes révèlent toujours le portrait, le Grand Prêtre Jésus Christ lui-même venu subvertir les valeurs de ce monde si menaçant pour inaugurer un monde meilleur, nouveau où Dieu Un et Trine essuiera toute larme et où la mort n’existera plus et où il n’y aurait plus ni pleurs, ni cris, ni tristesse, ni soif, ni faim, ni injustice, ni violence et ni étranger ou nomade (Cf. Mt 5, 3-12; Ap 21, 4+). Ce bonheur de ce monde meilleur, nouveau n’est ni lointain, ou dans l’au-delà mais se vit ici et maintenant jusqu’à l’éternité promise. Comme on pouvait le comprendre par les expressions «déjà mais pas encore». Ces hommes, ces femmes dans leurs différentes vocations officielles, officieuses, inconnues, oubliées, retardées, ou rachetées ont osé «gravir la Montagne du Seigneur et se tenir le lieu saint? (comme) l’homme au coeur pur, aux mains innocentes... » (Ps 23, 3-4 ) qui s’avancent comme Adam et Eve pour offrir à Dieu leur vie entière avec leurs mains ouvertes, pour tout donner comme le don de l’Eucharistie.
Bien aimés dans le Christ Jésus, permettez-nous d’asseoir quelques listes ou galeries de tous les saints que L’Église, mystère visible et invisible, célèbre en ce jour. Nous avons bien souligné quelques, sinon seul Dieu Miséricordieux, Amour qui scrute les reins et les coeurs, connaît le tréfonds de ses créatures collaboratrices dans ce monde, dans cette humanité.
En premier lieu, la Toussaint nous fait penser à tous les saints et saintes connus, canonisés officiellement par l’Église et qui vont au-delà des noms que nous retrouvons sur les calendriers. Nous portons leurs noms, et certains ont leurs recueils de vie selon les différents charismes pour nous faire des amis, des modèles, nos idoles.
En deuxième lieu, les femmes, les hommes qui ont eu des prix Nobel de la paix tels que Frédéric Passy, Albert Lutuli, Desmond Tutu, Nelson Madela, Frederik de klerk…Nadal Murad, Abiy Ahmed. Ce sont des créatures qui ont vécu l’Évangile et que Dieu les a accueilli dans son Royaume. A celles-ci s’ajoutent d’innombrables familles anonymes, des êtres qui, toute leur vie ont servi les autres sans mesure, sans même penser qu’un jour qu’ils pourraient entrer dans la Salle de Noces: nos mamans, nos médecins sans frontières, nos infirmiers/infirmières bénévoles qui pataugent dans la boue des camps des réfugiés, de tirs, les hommes/femmes politiques qui refusent les compromissions ici et là pour s’attacher à la vie de l’Évangile.
Troisièmement, la foule immense dont relate l’Apocalypse, de plus 144000 (12 fois 12 fois 1000) élus. Sûrement qu’avec cette foule innombrable se trouvent nos parents, nos amis, certaines de nos connaissances, des femmes, des hommes, des enfants qui ont vécu l’une ou l’autre des béatitudes (Makarios). Peut-être, qu’eux-mêmes sont surpris d’entendre le Seigneur leur dire: Bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle dans les petites choses…. Entre dans la joie de ton maître.(Cf. Mt 24, 14-30)
Enfin, nous pouvons parler ici de la liste des saints/saintes inattendus/inattendues, qui fait de la Toussaint une fête merveilleuse, unique en son genre dans les célébrations eucharistiques. Il s’agit de la liste des rescapés/rescapées de la Sainteté qui se voient à travers les figures de Marie-Madeleine ( Jn 8, 1-11), la femme Samaritaine (Jn 4,1-45), Zachée (Lc 19, 1-10), Matthieu (Mt 9, 9-18) le Bon laron (Lc 23, 40-41 )… Terminons par l’ajout des enfants blessés dans leur chair, dans leur âme, les accidentés de la vie, de la morale, de l’amour, les imparfaits de Dieu. Or, tout ce que Dieu a créé est bon.
Bien aimés dans le Christ Jésus, les béatitudes qui décrivent la Personne de Jésus, Celui qui manifeste le vrai visage du Père, nous révèlent un Dieu de miséricorde, de compassion, un Dieu plein d’Amour qui veut sauver toutes les femmes, tous les hommes sans en perdre aucunes/aucuns de nous, pauvres pécheurs à longueur de journée. Oui, les textes liturgiques de la Toussaint nous présentent la carte d’identité, la charte du Royaume, de la vie ( comme la Charte des droits de l’homme proposée par l’ONU) d’un vrai disciple du Christ qui vit dans la foi, dans l’espérance et la charité voir Dieu dans un coeur pur. Cette charité qui se perd dans les profondeurs de la Providence divine. Efforçons -nous de le suivre et de chercher à faire toujours sa volonté comme nous enseigne la prière de «Notre Père…»(Mt 6, 9-13). Tous les saints et Saintes de Dieu, priez pour nous!
Que devant la Lumière du Verbe et l’Esprit de Grâce se dissipent les ténèbres du péché et la Nuit de l’incroyance. Et que l’Amour de Jésus habite dans nos coeurs. Amen!