TEXTES : 2 S 5, 1-3 / Ps 121(122), 1-6 / Col 1, 12-20 / Lc 23, 35-43
PREDICATEUR : P. Martin KOTCHOFFA, SVD
THEME: Te soucies tu du bien-être des autres ?
Bien-aimé(e)s nous sommes aujourd’hui devant une scène pathétique : Jésus est maltraité et cloué en croix. Lui qui pourtant en a sauvé d’autres, il est là suspendu entre ciel et terre. Le peuple regarde et est perplexe. Lui qui pensait que Jésus briserait les chaines de l’occupant romain et instaurerait une nouvelle royauté. Hélas le voilà torturé sans rien faire. Quel type de roi peut-il être pour eux ? Il est évident que ce Jésus, roi des juifs, est un roi faible. Et c’est ce qu’ont voulu prouver les chefs des prêtres et les officiers romains qui tous se moquaient de Lui. Ils pensent l’avoir démystifié. L’humiliation de Jésus ne s’arrête pas là car même l’un des malfaiteurs ne lui pardonne pas son inaction. Bien-aimé(e)s l’espérance qu’avait suscité Jésus dans les cœurs, de plus d’un, semble perdue à tout jamais.
Mais à vrai dire le récit de Luc dépeint la véritable royauté. Luc nous livre le secret d’un roi digne de ce nom. Le roi n’est pas celui qui torture son peuple et qui le dépossède du minimum. Le roi n’est pas celui qui vit dans le luxe alors que ses sujets vivent dans la misère et le dénuement total. Le roi n’est pas celui qui se cache dans une forteresse laissant son peuple à la merci des loups voraces. Oui, pour l’auteur sacré le roi et le vrai est celui qui épouse les réalités de son peuple et le conduit vers des lendemains meilleurs.
Et Jésus est, selon l’auteur sacré, le modèle du véritable Roi. Il accepte et accueille toutes les humiliations de son peuple car ce sont nos fautes qu’il portait. Il refuse de se sauver de la croix car cela voudrait dire nous laisser au bon vouloir des loups qui veulent nous dévorer. Il subit tous les coups pour que nous ne les portions pas car ils seraient mortels pour nous. Jésus se soucie à vrai dire de notre bien-être. Voilà pourquoi à celui qui l’accueille et comprend que son sacrifice est pour notre propre bien-être, comme ce bon larron, il promet la vie en abondance.
Tout est dit, être Roi c’est porter le souci de son peuple, c’est se sacrifier pour que le peuple puisse vivre dans la tranquillité à l’abri de tout besoin. Oui, être Roi c’est en définitive faire passer les intérêts du peuple au-dessus des nôtres.
Seul le Christ a été capable de nous montrer la profondeur du leadership à tous les niveaux. Car ce qu’il montre ici est valable tant sur le plan politique que religieux et traditionnel.
C’est peut-être le temps d’être véridique envers nous-mêmes, surtout nous qui occupons des postes de leader dans notre pays, notre diocèse, notre paroisse, nos associations et communautés. Sommes-nous des hommes et femmes épris du bien-être des autres ? Sacrifions-nous nos intérêts pour ceux des autres qui nous sont confiés ? Œuvrons-nous pour que ceux qui sont sous notre autorité puissent s’épanouir librement ?
Bien triste de le dire mais il faut le souligner, nous sommes bien souvent des leaders qui piétinent les autres. Des leaders qui privent les autres de leurs droits fondamentaux, et qui les dépossèdent par un tour de passe-passe de tous leurs biens créant ainsi la peur dans les cœurs des autres qui n’ont d’autres choix que de nous lécher les bottes. Jésus n’a pas voulu être ce type de Roi. Et nous qui sommes ses disciples avons le devoir moral de nous désolidariser de ces modèles néfastes de rois.
Bien-aimé(e)s la solennité du Christ Roi de l’univers doit nous interpeller vivement pour revenir sur le chemin tracé par Jésus afin que dans nos milieux de vie puissent régner le progrès, la prospérité, l’amour mutuel profond, la sérénité et la paix.
Bien-aimé(e) si aujourd’hui tu entends la voix du Seigneur t’invitant à te soucier du bien-être des autres n’endurcis pas ton cœur. Amen.