TEXTES: Dt 8, 2-3.14b-16a; Ps: 147(148B); I Cor 10, 16-17; Séquence; et Jn 6, 51-58.
PRÉDICATEUR: P. Roméo YEMSO, SVD
THÈME: Nous sommes tous invités à la Table du Seigneur.
Bien aimés dans le Christ Jésus, ce dimanche est la célébration et la contemplation du Saint Sacrement , Corps et Sang du Christ sous les formes liturgiques et évangéliques comme nous pouvons le constater dans nos célébrations d’aujourd’hui: Le pain de Vie, le vin de la Vigne, l’Eucharistie, la Messe, le Sacrifice, la Victime, le Repas, Le Partage… En ce jour, les textes liturgiques évoquent surtout le Sang du Christ, que Notre Sauveur a proposé à tous ses disciples, ses amis. La Coupe du Vin qu’il leur a donné à boire lors du dernier repas pascal pris en commun, il la présente comme étant Son Sang,« Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais. Et le pain que moi , je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde»(Jn 6, 51). Laissons entendre ici qu’à la différence des évangiles synoptiques, l’apôtre saint Jn ne nous livre pas l’institution de l’Eucharistie, le soir du Jeudi Saint.
Cependant, il nous parle avec des termes ordinaires, la multiplication des pains où Jésus a nourrit des foules, des affamés, des pauvres concrets après leur avoir enseignés longuement. Méditons ensemble sur les concepts yohanniques terre-à-terre: Manger, boire, chair, sang, pain, vie éternelle… Oui, cette liturgie est au tant déroutante et bouleversante au point que nous risquons de discuter en nous-mêmes et entre nous, comme les juifs de ce temps là: «Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger»(Jn 6, 53)? Et pour combien de temps cette chair? C’est vraiment difficile à comprendre et à accepter du point de l’humain et du rationnel, c’est aussi vraiment mystérieux à y penser et y adhérer. Peut-être inadmissible, le disent certains de nous croyants aujourd’hui? Et pourtant nous connaissons parfaitement les sens profonds du repas familial, dans nos cérémonies dites traditionnelles, cultuelles, culturelles et sociales… C’est surtout dans le sens de l’unité, de la communion, de la réconciliation, de l’amour fraternel, de la purification sociale, de l’innocence dans une affaire ambiguë… que nous devons plus y pencher notre coeur.
Bien aimés dans le Christ Jésus, les réalités, les images que revêtent les mots « Pain de vie » et « Mon Sang » dans le contexte biblique de saint Jn nous révèlent tant de grâces et de lumières dans notre foi:
Voyant que les autres évangélistes usent les expressions: « Ceci est mon Corps…», Saint Jn nous ramène au commencement de son Évangile (Son prologue, le mystère de l’IncarnatIon) par l’utilisation du mot Chair pour signifier toute la vie du Fils de Dieu,(le passé- le présent-le futur) «le Verbe s’est fait et il a habité parmi nous»(Jn 1, 14). Ou bien encore «Jésus Christ est venu dans la chair»(1Jn 4, 2). Ainsi, la chair au sens biblique n’est pas d’abord la substance matérielle que nous appelons « viande », mais la totalité de l’être vivant, la personne entière (cf Gn 2, 23: Voici enfin, l’os de mes os, la chair de ma chair…)
«Ceci est mon Sang…»: ce n’est pas ce liquide composé de globules rouges et blancs mais la vie nouvelle et éternelle qui ne viendra que de sa mort sur la croix.
Ainsi le Corps et le Sang dont nous recevons dans chaque messe est une réalité mystérieuse et mystique, c’est le Corps Glorieux et Spirituel de Jésus Passionné, Mort et Ressuscité. En cela , Saint Paul de sa plume de foi nous dit clairement sans équivoque: «Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps de la plante qui va pousser, mais c’est une simple graine : du blé, par exemple, ou autre chose. Et Dieu lui donne un corps comme il l’a voulu : à chaque semence un corps particulier. Il y a plusieurs sortes de chair : autre est celle des hommes, et autre celle des bêtes, autre celle des oiseaux, et autre celle des poissons» (I Cor 15, 37-39).
Bien aimés dans le Christ Jésus, c’est vraiment un mystère pour ceux qui ont vu, comme Jn lui-même, ou ceux qui ont entendu et cru comme les premières communautés chrétiennes jusqu’à nous aujourd’hui, qui continuons de chercher jour et nuit le Christ Jésus Ressuscité dans L’Eucharistie, comme chaque personne trouve dans le pain et la boisson (l’eau la meilleure boisson) la force de vivre, de louer et de glorifier le Tout Puissant, le Tout Faible par Amour, Miséricorde et Compassion. C’est justement là le réalisme chrétien, de la messe et ses prières eucharistiques: «Regarde (avec amour), Seigneur, cette offrande que tu as donnée toi-même à ton Église; accorde à tous ceux qui vont partager ce pain et boire à cette coupe d’être rassemblé par l’Esprit Saint en un seul corps, pour qu’ils soient eux-mêmes dans le Christ une vivante offrande à la louange de ta gloire»(IV prière eucharistique). Voilà, l’Eucharistie embellit et ressuscite la vie. Bien que parfois notre présence ou notre participation réelle et effective soit hypothétique, continuons de nous poser cette ultime question: Sommes-nous loin des ces juifs, ou sommes-nous devenus plus croyants à l’Eucharistie de nos jours? Nous le souhaitons vivement. Et encore faut-il être croyable de nos jours! Et qu’autour de nous, en ces temps-ci, on ne se demande plus ce que nous sommes venus faire dans nos célébrations eucharistiques. Que nous ne soyons pas des personnes désoeuvrées ou spectatrices pendant la Sainte Messe de chaque jour: «Devenez ce que vous recevez», nous dit Saint Augustin. Autrement dit, soyez les autres eucharisties pour vos frères et soeurs.
Que devant la Lumière du Verbe et l’Esprit de Grâce se dissipent les ténèbres du péché et la Nuit de l’incroyance. Et que l’Amour de Jésus habite dans nos coeurs. Amen!